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Le blog de la Fédération Française de Généalogie, reconnue d'utilité publique

In Memoriam Jean FAVIER (1932-2014)

27 Août 2014, 08:00am

Publié par F.F.Généalogie

Les relations entre généalogistes et archivistes ? Un long chemin parcouru de la « mauvaise réputation » (des premiers) à la « compréhension réciproque » (entre les uns et les autres). L’expression est employée en 2004 par notre secrétaire général qui fait le bilan de ces relations au colloque de Roubaix organisé pour les 100 ans de l’Association des Archivistes français (1). Sauf que ces mots ne sont pas ceux de notre collègue… Ils datent de 1992 et sont de Jean FAVIER, directeur général des Archives de France de 1975 à 1994, qui vient de nous quitter.

 

Jean FAVIER, grand serviteur de l’Etat, a dirigé les Archives avant d’assurer la présidence de la Bibliothèque nationale de France à son ouverture (sur le site de Tolbiac), de 1994 à 1997. Connu des généalogistes par ces fonctions, il l’est du grand public – public amateur d’Histoire - par ses ouvrages sur le Moyen Age et ses apparitions à la télévision. A l’écran et au quotidien, l’homme porte systématiquement un nœud papillon tel que nous le voyons sur le cliché ci-dessus. Moins anecdotique : durant le mandat de Jean FAVIER, une nouvelle loi sur les Archives voit le jour en 1979. Durant ce même mandat, c’est l’inspecteur général Gildas BERNARD – connu pour son Guide de recherche sur l’histoire des familles – qui est délégué auprès des généalogistes et de la FFG en particulier. Sous la direction de Jean FAVIER, entre l’institution des archives et la communauté des généalogistes, le travail s’intensifie et la confiance est de plus en plus forte.  En 1992 donc, dans l’introduction à un volume dédié aux rapports archives / généalogie (2), Jean FAVIER expose lui-même sa conception des relations entre les gardiens de la mémoire et des usagers toujours plus nombreux : « Voici quelques années encore, la généalogie avait mauvaise réputation dans les services d’archives. Nombreux était ceux qui n’y voyaient que l’expression d’une vanité, et les archivistes étaient las de ces lecteurs qui savaient mal chercher, qui lisaient mal et qu’il fallait sans cesse secourir pour ne voir, au terme d’une longue fréquentation des Archives, que très rarement aboutir à de vraies publications (… ) ». Soulignant le « rôle heureux que tiennent les associations », évoquant successivement le nombre et les demandes des généalogistes, les problèmes et les solutions, la manipulation des documents, la préservation de la vie privée et la mise en valeur de la mémoire collective, l’historien médiéviste, grand administrateur des archives, conclut à notre propos : « nous ne pouvons les négliger » et parle de « compréhension réciproque » non sans « effort d’explication » !

 

Une telle carrière au service des Archives et de tels propos à notre égard appelaient un hommage. Comme président de la Fédération, qui plus est à quelques semaines du Forum national organisé dans la cour des Archives nationales, qu’il me soit permis d’affirmer aussi que le regard et la réflexion de Jean FAVIER sur les rapports entre les uns et les autres valent pour travailler ensemble au présent et construire un avenir durable. Bonne rentrée à tous !

Jean-François PELLAN

 

(1) Christophe Drugy, « Les généalogistes aux archives : de la mauvaise réputation à la compréhension réciproque. Le cas du nord de la France et de la Belgique », communication publiée dans les actes du colloque Archives, Archivistes, Archivistique dans l’Europe du Nord-Ouest, du Moyen Age à nos jours. Entre gouvernance et mémoire, du 2 au 4 décembre 2004, CRHEN-O (université de Lille 3) et AAF, 2006, pp 205-214

 

(2) Jean Favier, introduction à Archives and Genealogical Sciences, Les Archives et les Sciences généalogiques, volume XXXVII de Archivum, 1992, pp 12-15 – Le texte a été repris in extenso dans La Vie généalogique du 1er trimestre 1994, n° 5 (NS), pp 18-21 (avec une coquille en bas de la p 18 : il faut lire « profond fossé » et non « passé »)

 

 

Décédée avant lui, longtemps conservateur au service d’accueil du public des AN, Lucie Favier a été inspecteur général des Archives de France. Signalons l’ouvrage posthume préfacé par René Rémond et dont l’écriture et la mise en forme ont été achevées par son mari et ses collaborateurs : La mémoire de l’Etat, Histoire des Archives nationales, Fayard, 2004, 466 p

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