Une grande figure de la généalogie et de l’héraldique s’en est allée, Hervé Pinoteau 1927-2020

Le baron Pinoteau s’est éteint ce mardi 24 novembre 2020. Spécialiste de la symbolique, je suis allée me pencher sur ses armes issues de la noblesse d’Empire… et je pense qu’elles conviennent tout à fait à l'image que ce grand héraldiste aurait souhaité laisser à la postérité. On y ressent de la force, du courage, de la richesse d’esprit.

Généalogiste depuis 1950, Pierre Napoléon Jean Hervé Pinoteau avait la réputation de quelqu’un de redoutable, alors qu’il était en vérité un être absolument charmant. Ses joutes verbales avec Szabolcs de Vajay étaient spectaculaires. L’érudition de ces deux grands hommes était exceptionnelle. Toutefois, nous devons saluer l’exemplarité du baron Pinoteau qui était un autodidacte. Durant une bonne partie de sa vie, il avait souffert de ne pas pouvoir suivre de grandes études comme il le méritait. Extrêmement curieux, il s’était donc penché sur de nombreux domaines et avait acquis des connaissances abyssales qui lui avaient permis d’être honoré à travers le monde universitaire. Officier de la Légion d’honneur depuis 2014, il  était, entre autres, membre de l’Académie internationale d’héraldique (AIH) dont il a été vice-président de 1964 à 2007, président-fondateur de la Société française de vexillologie de 1985 à 2010 et président de la Société nationale des antiquaires de France de 2010 à 2017. 

Son nom était associé à ses convictions politiques, mais on ne pouvait l’accuser de prosélytisme. Il était certes quelqu’un de convaincu mais il ne cherchait pas à obliger son interlocuteur à partager ses opinions. 

De plus, il n’hésitait pas à mettre les autres en valeur et rester à leur écoute, capable de s’émerveiller des enfants des autres. Avec son épouse, née Herrade, il avait eu quatre fils dont il était très fier de leur parcours tout comme celui de ses petits-enfants.

C’était un être empreint de simplicité et de générosité dans le partage de ses connaissances.  Il débordait d'énergie, marchait et parlait vite, possédant un esprit vif, beaucoup d’humour et une liberté de ton. Sa passion étant la symbolique, la généalogie et l’héraldique étaient pour lui des outils qui lui permettaient d’argumenter de façon intelligente et très savante. Ainsi, l’histoire des Robertiens avait été son cheval de bataille en raison de son engagement politique.

Je laisse à Christian Settipani qui l’admirait, le soin de conclure cet hommage par cette jolie formule qui  décrit si bien la disparition du baron Pinoteau, “c’est une bibliothèque qui se referme”.

Valérie ARNOLD-GAUTIER, AIG
Présidente de la FFG

Armes de la famille Pinoteau : Rietstap donne : écartelé, au 1er d'argent, au lion de sable, armé et lampassé de gueules; au 2e de gueules, à une épée d'argent garnie d'or ; au 3e de gueules, à un sabre d'or, en bande et à une carabine d'or, en barre, passés en sautoir ; au 4e d'argent, à un chevron d'azur, accompagné de trois lapins courant de sable.

Borel d'Hauterive donne dans l' Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, T. 21, Paris, 1865 : écartelé, au 1er d'argent, au lion de sable, armé et lampassé de gueules; au 2e de gueules, à l'épée haute d'argent, franc-quartier des barons militaires ; au 3e de gueules, à un sabre et une carabine d'or, posés en sautoir (armes d'honneur); au 4e d'argent, à un chevron d'azur, accompagné de trois lapins de sable, qui est de Brumauld.