Jean-François Pellan parmi les personnalités invitées du chef de l’Etat le 11 novembre dernier
1-Vous étiez le 11 novembre l’un des invités du chef de l’Etat, à Paris puis dans le Pas-de-Calais. Pouvez-vous nous résumer les temps forts de votre journée ?
Plusieurs temps forts.
Le premier concernait le lancement du site Internet du Grand Mémorial consacré aux Poilus. Hervé Lemoine, directeur du SIAF, a fait une démonstration des informations en ligne via ce portail. L’objectif est de redonner une identité à des millions de combattants, de retracer leur parcours. Près de neuf millions de registres matricules sont maintenant accessibles et un certain nombre ont été indexés ce qui permettra de retrouver facilement la trace de ces soldats. Par ailleurs, les journaux des marches et opérations vont bientôt être reliés à ce Grand Mémorial. Le parcours du militaire et les batailles auxquelles il a participé permettront de retracer une partie de sa vie ou de connaître les circonstances de sa disparition.
Le deuxième temps fort concernait les Petits artistes de la Mémoire, un concours organisé par l’Office national des Anciens Combattants à l’intention de scolaires du primaire. Ils devaient travailler sur un militaire de leur commune. Le premier prix a été décerné à une école de Bordeaux et le j jeune récipiendaire a remis en cadeau au Président de la République un CD. Le président l’a fait écouter au public et ce fut un moment très fort et émouvant d’entendre un chœur d’enfants interprétant une très belle chanson composée sur la Grande Guerre.
Le troisième temps fort fut la cérémonie à l’Arc de Triomphe, cérémonie classique mais toujours aussi poignante et que tout le monde a pu suivre en direct à la télévision.
Enfin, le quatrième temps fort fut la cérémonie à Notre-Dame de Lorette, près d’Arras, qui est la plus grande nécropole militaire française, sur un terrain de
25 hectares. Le Président de la République a inauguré l’Anneau de la Mémoire qui donne à voir 579 606 noms et prénoms, gravés, de soldats, de toutes nationalités, alliés et ennemis, tombés sur les champs de bataille du Nord-Pas-de-Calais.
2-Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Sans conteste la cérémonie dans le Pas-de-Calais avec la visite de cet Anneau de la Mémoire : y voir ainsi mêlés, au-delà de la mort, les uns à côté des autres, des noms de soldats français, allemands, anglais, canadiens, polonais… J’y ai bien sûr trouvé mon patronyme, celui de soldats bretons et même celui d’un Canadien avec des prénoms anglophones, lointain descendant sans doute d’un Breton émigré. Un mémorial qui, de fait, est d’une conception unique au monde. Et qui va vite trouver sa place dans les circuits de la mémoire dédiés à la Grande Guerre.
3-Sur le Grand mémorial (en ligne depuis le 11 novembre), quel est le point de vue du président de la FFG que vous êtes ?
Les généalogistes à la recherche de leur ancêtre soldat vont avoir un merveilleux outil de recherche. Il n’est pas encore terminé, mais il a vocation à rassembler avec un accès unique d’autres numérisations et indexations.
Lorsque tous les départements de France auront numérisé leurs registres matricules, on aura une vision très complète des itinéraires de l’ensemble des combattants de 14-18. Les renseignements donnés par ces registres sont une mine pour les généalogistes. On va pouvoir connaître la description physique des individus, leur niveau d’instruction, les filiations, les lieux où ils ont habité, les carrières militaires, les décorations… C’est une nouvelle dimension qui est redonnée à ces soldats disparus à jamais. Ce ne sont plus seulement des dates et des lieux sur un nom, mais bien une personne qui va pouvoir revivre quelque peu dans l’imaginaire de ses descendants.
Comme président de la Fédération des associations de généalogistes amateurs, je suis honoré d’avoir été convié à cette journée d’inaugurations dans le cadre du Centenaire. A travers la Fédération, ce sont évidemment nos cercles et les milliers de bénévoles ayant travaillé sur cette période qui sont salués. A cette occasion, vous aurez noté aussi l’intérêt de la Ministre de la Culture, Fleur Pellerin, pour notre passion commune. Le 11 novembre, en direct sur France 2, elle a souligné que son mari avait surfé l’été dernier sur divers sites pour reconstituer sa généalogie. Enfin, les internautes pourront vite constater que l’adresse du site Internet du Grand Mémorial contient le mot « généalogie » après culture.fr Puisque l’accès se fait par la partie « Généalogie » du site ministériel.
Propos recueillis par Christophe Drugy - Photos JF Pellan pour La FFG
En savoir plus sur :http://www.culture.fr/Genealogie/Grand-Memorial