Paroles d’anciens.
Lorsque nous débutons la généalogie, une des taches premières est de recueillir les informations dans notre famille et autour de nous y compris auprès des cousins éloignés et surtout des personnes âgées.
Cette tache est difficile sinon impossible quand il s’agit d’une famille qui a beaucoup migré de par le monde et dont les souvenirs douloureux sont difficiles à exprimer.
Grace à l’invitation de l’EPIDE qui a participé à cette expérience à Bordeaux et Saint-Quentin, j’ai pu découvrir l’existence de l’association « Parole d’hommes et de femmes » et assister à la journée bilan qu’elle organisait à Paris à l’Assemblée nationale.
La mémoire source d’action éducative.
Le projet « 100 témoins, 100 écoles » permet de faire témoigner des ainés, migrants francophones, devant des jeunes français scolarisés, sur leur parcours de migration de leur pays d’origine à leur lieu de vie en France. Ce projet permet de décloisonner chaque génération, de redonner un rôle social à la mémoire, de l’intégrer à l’Education Nationale.
Plus de 65 établissements en métropole et à Mayotte ont participé à cette démarche. Faire travailler deux générations sur le sens d’un processus de migration a également pour objectif :
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De permettre une réflexion sur le parcours migratoire et les difficultés d’intégration, sur les modes de représentation des migrants (à travers la presse, les livres)
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D’apprendre aux élèves à poser des questions aux ainés, à sa propre famille, réfléchir sur son propre environnement, d’où viennent mes camarades en classe.
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De faire comprendre que les processus migratoires sont de tous ordres, pas uniquement Sud/Nord.
Lors de cette journée témoignaient les jeunes accompagnés de leurs enseignants et de leur « témoins ». Ces jeunes venaient de classes traditionnelles ou de CLAR, des classes accueillant des primo-arrivants non francophones.
Pour tous, la confrontation avec le récit de ces ainés a aussi permis de relativiser les difficultés de leur propre vie.
Je citerai le témoignage poignant d’une jeune fille « Depuis que mère m’a abandonnée, je me sentais très triste. Seule en France, tout était gris, depuis le jour où j’ai entendu monsieur Schomsky raconter sa vie, j’ai compris que j’avais encore de l’espoir, la chance d’apprendre. Mes amis me disent tu es souriante mais tu écris plein de tristesse, oui, je suis heureuse mais ce que je raconte est noir. »
Ce projet rejoint le travail effectué par certaines associations généalogiques qui font se rencontrer des personnes de générations différentes afin de travailler ensemble.