Retour aux sources

Ce samedi 3 septembre 2022,  alors que j'aurais dû me rendre en Bavière à l'occasion du congrès de mon homologue allemand, la DAGV -j'étais sereine car je me savais représentée par des personnes de confiance- je suis revenue sur mes terres. Il s'agissait du forum des associations de Conflans-Sainte-Honorine,  installé face à la propriété de l'ambassadeur d'Autriche qui servait l'impératrice Marie-Thérèse et qui espionnait pour son compte sa fille Marie-Antoinette. J'étais heureuse de retrouver mes amis de la vie associative que ce soit le premier magistrat de ma commune, ses adjoints mais aussi les responsables associatifs. J'ai revu avec joie les adhérents de mon club mais aussi des amis avec lesquels j'ai vécu des aventures pendant la scolarité de mes enfants.

A la question posée sur comment s’étaient passées mes vacances ? par la directrice de la vie associative, mes yeux se sont mis à briller. J'avais passé mes plus belles vacances généalogiques sur le plan humain, avec des leçons de vie magnifiques. En effet, à Balaruc-les-Bains, j'ai rencontré un couple de rescapés de la Shoah tellement émouvant mais aussi rayonnant de joie (chanter ses chansons d'enfance avec Hélène était tellement puissant), un couple de malvoyants avec lesquels j'ai noué une relation d'amitié -quel souvenir lorsque Delphine aveugle s'est promenée, un soir, à la tombée de la nuit, au bord de la lagune, en tenant le bras de mon fils malentendant et me disant qu'elle se sentait totalement rassurée avec lui-,  une princesse camerounaise extraordinaire, à la fois humble mais emplie de connaissances et d'ingéniosité ainsi que sa mère à la profonde perspicacité, deux dames curistes devenues amies qui font des découvertes généalogiques qui les émeuvent au point qu'elles en versent des larmes, un jeune père de famille qui remonte sur 15 générations la branche maternelle de son épouse en Autriche, un ancien enfant de la Ddass qui découvre que 200 ans plus tôt il avait une lointaine aïeule placée à l'assistance publique, une toute jeune maman célibataire qui trouve la photo de son grand-père et de son arrière-grand-mère qu'elle n'a jamais connus sur un site commercial  et qui appelle aussitôt son père pour le lui annoncer alors que lui ne possède aucune photo… Avec mon amie et collègue, nous avons offert des moments de bonheur, voir stoppé des souffrances qui meurtrissaient leurs âmes depuis des décennies. Oui, c'est comme cela que je vis la généalogie : partager ma passion pour offrir de la joie et du bonheur aux gens que je côtoie.

Aujourd'hui, nous avons compté plus d'une vingtaine de personnes qui sont venues nous contacter. En particulier, j'ai été heureuse de confirmer à une dame adorable qui avait parcouru plus de trente kilomètres pour me rencontrer,  que son père lui avait dit la vérité : son cousin germain était un résistant de la commune qui avait été exécuté en camp de concentration. De plus, j'ai le pressentiment que sa généalogie va matcher avec un ancêtre commun à la mienne. Sa tante, une dame très âgée, qui l'avait accompagnée, était très fière de me montrer une recherche faite dans sa famille et elle a été très surprise lorsqu'au bout d'une vingtaine de pages de tableaux feuilletés, j'en analyse un avec mon arbre et lui montre notre couple d'ancêtres communs vivant à  Maulde dans le Nord au début du XVIIIème siècle. Elle a aussi manqué de s'évanouir lorsque je lui ai annoncé que de son côté paternel, si elle me confie quelques éléments, je lui remonte sa branche conflanaise jusqu'au XVème siècle  !

Par ailleurs, je me suis amusée à comparer l'affluence avec celle d'un salon généalogique. Le matin, c'était la cohue surtout pour les activités sportives ou artistiques car les places sont limitées. L'après-midi, nous avons pu discuter entre "anciens" et voisins de stand. Il y a toujours eu du monde sur mon stand et je n'ai pas pu m'absenter un seul instant sauf pour aller saluer Monsieur le Maire. J'ai eu de la chance toute la journée car j'ai été aidée par deux de mes merveilleuses adhérentes. En fait, les amis venaient à moi ainsi que les personnes en quête pour découvrir leurs racines… 

Autre moment fort émouvant, à un ami illustrateur- auteur reconnu en BD- je lui parle que j'avais pensé à lui et à notre séjour en groupe en Angleterre que j'avais organisé neuf ans plus tôt lorsque je suis allée le mois dernier à Cambridge. Il s'est esclaffé en m'avouant que ce voyage sur la presqu'île de Thanet lui avait donné tellement d'inspiration qu'il lui avait permis d'écrire une scène complète pour un de ses romans qui a eu du succès et se passant au temps des Vikings. Je vais m'empresser de le lire surtout qu'il l'a relié à la légende arthurienne avec un tout petit peu de généalogie. J'ai pensé au séjour que j'organise à La Napoule et j'ai senti que ce sera aussi un succès avec ses moments forts.

J'ai alors compris que le monde généalogique est infini comme l'arbre universel que nous rêvons tous. Mais pour parfaire à cet idéal, il faut former l'apprenti-généalogiste, l'accompagner sur son chemin et l'aider à atteindre sa maîtrise en lui permettant de rencontrer des personnes qui lui permettent de s'éveiller et de s'épanouir pour tendre vers le niveau scientifique adéquate que l'on atteint avec la Confédération internationale et ses congrès … 

Valérie Gautier

Présidente de la FFG